Road Movie, Beat Generation, Ecriture du mouvement et du territoire
Principes : le travelling
Techniques : le cut-up, found footage
Le Road Movie
"L'Amérique a tout de suite eu besoin de cinéma : pour tirer le portrait de tout un peuple d'émigrés venus bâtir un nation. Pour s'imposer comme le pays de la liberté. Pour saisir comme dans un miroir grands espaces, ciels bleus et routes à perte de vue, autant de promesses de trajets initiatiques."
Road Movie USA, Jean-Baptiste Thoret et Bernard Benioliel
Le Road Movie s'inscrit dans l'histoire du Nouvel Hollywood et marque les débuts du cinéma post-moderne, intertextuel et réfléchissant(1). Souvent considéré comme un sous genre du Western, du fait de son apparition tardive dans la nomenclature cinématographique(2), le Road Movie perpétue la représentation des mythes fondateurs des Etats-Unis propre au genre mais s'émancipe de ces codes. Dans le contexte économique du Nouvel Hollywood, propice à la production d'un cinéma d'auteur et/ou critique et politiquement engagé, le genre (et plus largement les acteurs du Nouvel Hollywood) s'encre fréquemment dans la contre-culture, largement influencé par la culture beatnick et la Nouvelle Vague française.
Si Thoret et Benioliel s'accordent à dire que les oeuvres internationales ne font pas genre, Olivier Père (Les Inrocks) considère Pierrot Le fou comme un pionnier du genre. On notera quelques autres Road Movies "à la française" comme Sans Toit Ni lois d'Agnes Varda, Traffic de Jacques Tati, Exils et Transylvania de Tony Gatlif, Notre jour viendra de Romain Gavras ou encore Tournée de Mathieu Amalric.
(1) Timothy Corrigan le considère comme un des indicateurs principales de la façon dont les genres cinématographiques "contemporains" opèrent comme des miroirs du monde contemporain (1). "Road movies have become a primary and incisive marker (...) of how contemprary genre reflects the contemporary moment" A Cinema without walls : Movies and Culture after Vietnam
(2) Si Easy Riders (1969) est communément reconnu comme le premier Road Movie, ce n'est qu'un an plus tard, avec Five Easy Pieces de Bob Rafelson, que le terme apparait.
Filmographie
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2001 L'Odyssée de l'espace
El Topo de Alexandro Jodorowsky
L'Etreinte du serpent de Ciro Guerra
Bibliographie
This is the beat generation - Hipsters was better before 2010
"Here's to the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes. The ones who see things differently. They're not fond of rules, and they have no respect for the status quo. You can quote them; disagree with them; glorify of vilify them. About the only thing you can't do is ignore them. Because they change things. They push the human race forward. And while some may see them as the crazy ones, we see genius. Because the people who are crazy enough to think they can change the world are the ones who do." On the Road, J. Kerouac
L'ambiguité et les paradoxes des Roads Movies sont à l'image des acteurs hétéroclites de la Beat, mouvement littéraire et artistique né dans les années 50 aux Etats Unis sous la plume de Jack Kerouac. Le mouvement, marginal et transgressif, "qui a ébranlé la société américaine dans ces certitudes [ et ] directement inspiré aussi bien les mouvement de mai 1968 que l'opposition à la guerre du Vietnam ou les hippies de Berkeley et Woodstock (...) a aussi contribué à enrichir le mythe américain. Sur la route, le roman le plus connu de Kerouac, est une ode aux grand espace, à l'épopée vers l'ouest, à la découverte de mondes nouveaux."(3). Kerouac, William S. Burroughs, Neal Cassady, Allen Ginsberg, John Clellon Holmes, Brian Gysin, Diane DiPrima and friends. Ecrivains, poètes, peintres, les acteurs de la Beat Generation participent d'une mutation déjà à l'oeuvre depuis dix ans dans l'Amérique puritaine : un goût prononcé pour le vagabondage, les drogues et le jazz, une homosexualité affichée... Kerouac en fin de parcours, rejette les acteurs du mouvements, ces anciens partenaires (on dit notamment Burroughs, mais bon les autres étaient presque tous morts) qu'il considère comme un vendu, et déplore les malentendus et la récupération du mouvement.
"To the hipster, Bird was a living justification of their philosphy. The hipster is an underground man. He is to the Second World War what the dadaist was to the first. He is amoral, anarchistic, gentle, and overcivilized to the point of decadence. He is always ten steps ahead of the game because of his awarness an example of which might be meeting a girl and rejecting her, because he knows they will date, hold hands, kiss, neck, pet, fornicate, perhaps marry, divorce — so why start the whole thing? He knows the hypocrisy of bureaucracy, the hatred implicit in religions— so what values are left for him? — except to go through life avoiding pain, keep his emotions in check, and after that, "be cool", and look for kicks. He is looking for something that transcends all this bullshit and find it in jazz" Jazz: A history, Frank Tirro, 1977
(3)
2 280 miles mais pas de destination. L'errance et la quête initiatique.
La frontière (Frontier Thesis ou Turner Thesis) est un des mythes fondateurs des Etat-Unis. Développé en 1895 par l'historien Jackson Turner dans Frontier, qui propose une lecture de l'histoire américaine axée sur la Conquête de l'Ouest, le terme diffère de son acceptation française pour une définition liée à la conquête et l'expansion, la frontière comme front pionnier.
Une fois la Conquête de l'Ouest achevée, la frontière physique des Western laisse place aux frontières métaphysiques et mentales du Road Movie. Plus de frontières physiques et plus non plus de destination (mais paradoxalement il est peut être possible de s'y perdre), le Road Movie se distingue de Western par la qualité d'errance ou de fuite des voyages entrepris par les personnages. Des fous aux entreprises paradoxales, qui cherchent la liberté derrière le volant d'une voiture, en pleine essor de l'industrie automobile. Des rebelles qui s'enferment dans leur représentation, à la recherche de la validation d'une société qu'ils rejettent (Bonnie and Clyde). Des inadaptés par défaut (Sans toit ni lois). Des trimardeurs qui cartographie un territoire en crise sociale.
"J'ai cherché l'Amérique sidérale, celle de la liberté vaine et absolue des freeways, jamais celle du social et de la culture - celle de la vitesse désertique, des motels et des surfaces minérales, jamais l'Amérique profonde des moeurs et des mentalités. J'ai cherché dans la vitesse du scénario, dans le réflexe indifférent de la télévision, dans le film des jours et des nuits à travers un espace vide, dans la succession merveilleusement sans affect des signes, des images, des visages, des actes rituels de la route, ce qui est le plus proche de l'univers nucléaire et énucléé qui est virtuellement le nôtre jusque dans les chaumières européennes."
Jean Baudrillard
L'espace physique comme espace mental.
La mystique
"I am not a beatnick, I am a catholic" Kerouac
Vagabondes
Johan Kerouac,
DiPrima, Mona (Sans Toit ni Lois), Thelma et Louise
Sans Toit Ni Lois de Agnes Varda
Premier plan du film : deux arbres au bord de l'autoroute A9 entre Baillargues et Montpellier.
Camps (Jungle de Calais, manoush, tziganes...)
- nomadisme
- architecture et anarchitecture
- occupation de l'espace
- précarité
- territoire
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